Quand elle chasse, Mathilde va loin de chez elle, c’est mieux, les proies sont nouvelles, et elle risque moins d’être importunée dans sa vie de tous les jours. C’est fou comme les hommes s’accrochent vite dès qu’ils tombent sur une Lilith, une femme ouverte et épanouie qui les change de leur maman avec laquelle ils vivent tous les jours, même s’ils l’appellent « ma femme ».Elle se gare sur le parking et prend un caddie. C’est bien un caddie, ça protège des autres femmes qui ne vont pas manquer de la regarder de travers, tenant bien en laisse ce mari qui les accompagne bien malgré lui et qui ne va pas manquer d’avoir tous ses sens en éveil dès qu’il va voir (et reluquer) Mathilde.Mathilde rentre doucement dans le supermarché, quasi vide à cette heure, et pas grand monde ne la capte, ce qui lui va bien. Les gens sont plus intéressés par ce qu’il vont manger, consommer, acheter, que par les autres gens. Mathilde le sait, et elle sait aussi que tous ne sont pas comme ça.Ce qu’elle cherche ce sont les hommes seuls qui font les courses, souvent avec un petit papier où il est marqué qu’il ne faut pas oublier ceci ni cela, écrit par leur matrone ou par eux-mêmes pour les divorcés, sa cible préférée.Ceux-là regardent les produits, certes, mais surtout, ils regardent et fantasment sur toutes les femmes qu’ils croisent. Mathilde le voit, le sent et, pour peu qu’ils soient grands (pas trop) et bien foutus (elle n’aime pas les bedonnants qui ne font pas attention à leur corps), elle sent le plaisir monter en elle, du sexe à ses joues en passant par son ventre, dès qu’ils posent un regard intéressé sur elle. Il arrive régulièrement qu’ils la suivent, mais elle sait se retourner et les calmer d’un regard noir. La plupart s’en retourne penauds à leurs courses. Mathilde n’aime que ceux qui sont discrets, mais tenaces, qui ne se laissent pas impressionner par un simple regard. Elle veut de la lutte, du combat, il faut la mériter, Mathilde, elle ne fait pas tout ces efforts de vestimentaires et de séductions pour succomber au premier venu et intéressé. Il faut montrer son vrai désir, son intérêt et surtout, que le corps soit accompagné d’un esprit et donc elle ne répond même pas aux avances du type « salut ma belle » ou « pfffiou, quelle beauté » que la plupart susurrent en passant à côté d’elle, comme des gros lourds.Mathilde, si on la veut, il faut la mériter.Elle en était là de ses réflexions quand elle prit un paquet de pâtes dans le rayon et se retourna d’un coup pour le mettre dans son caddie qu’elle avait laissé à quelques pas derrière elle. Et là, direct elle cogna un homme qui vint s’écraser contre ses seins.« Et bien dis donc !!! », dit-elle, « Il ne faut pas vous gêner, vous !!! »L’homme sourit, pas du tout décontenancé et lui dit : « Je suis désolé, madame, mais c’est quand même vous qui m’êtes rentré dedans !!! Je ne bougeais pas personnellement ». Mathilde s’arrêta et le regarda. Il n’était pas du tout son type, petit (elle pourrait lui manger la soupe sur la tête), chauve, avec une petite barbiche, mais taillé comme un guerrier, les épaules larges, et malgré un petit ventre, une musculature impressionnante qu’on devinait sous son t-shirt moulant. Et surtout, surtout, un sourire désarçonnant et charmeur qui alluma chez Mathilde un intérêt soudain et surprenant.« Tiens qu’est-ce qui peut bien m’attirer chez cet homme ? », se dit-elle, « C’ ...

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